L’invention de l’Inde by Roland Lardinois

L’invention de l’Inde by Roland Lardinois

Auteur:Roland Lardinois [Lardinois Roland]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Inde, anthropologie, sociologie, historiographie, recherche, histoire
ISBN: 9782271091154
Éditeur: CNRS Éditions
Publié: 2019-04-25T16:02:20+00:00


Préhistoire de la sociologie des castes

Avant d’engager l’analyse des travaux qui marquent les débuts de ce courant de pensée, il faut revenir sur quelques études aujourd’hui oubliées datant de la seconde moitié du xixe siècle. Il s’agit notamment des travaux du tamoulisant Julien Vinson, de l’ouvrage d’un juriste président de la cour d’appel de Pondichéry, A. Esquer, Essai sur les castes dans l’Inde, publié en 1871, et de l’étude d’un philologue, Charles Schoebel, L’histoire des origines et du développement des castes de l’Inde, parue dans le Bulletin de la Société académique indo-chinoise au début des années 1880. Ces travaux nous intéressent aujourd’hui moins pour leur contenu scientifique qu’au titre de témoignages de l’état passé des études indiennes. À une époque où les savants conquièrent une autonomie relative à l’égard des administrateurs coloniaux et des amateurs, ces études attestent de questionnements alors partiellement partagés par ces différents groupes qui puisent leurs matériaux aux mêmes sources mais mobilisent des outils intellectuels plus ou moins cohérents pour les analyser. Une même interrogation traverse ces études sur le régime des castes, le rôle des brahmanes au regard de cette institution considérée comme symptôme de la stagnation sociale de l’Inde.

En 1867, Julien Vinson7 publiait dans la Revue orientale l’une des premières études ethnographiques sur les castes de l’Inde du sud, au pays tamoul. Ce linguiste, qui fut chargé du cours d’hindoustani et de la langue tamoule à l’École des langues orientales, à partir de 1879, avait observé le régime des castes dans les territoires français d’où il était originaire et il avait enrichi ses connaissances de la lecture des dénombrements anciens puisés dans les archives de Pondichéry. Selon Julien Vinson, les dravidiens de l’Inde du sud ignoraient l’organisation sociale des castes que les aryens de l’Inde du nord leur ont imposé par la conquête. De fait, on ne rencontre dans le sud ni kshatriya ni vaishyamais seulement des brahmanes (brâhmana) et des shûdra au côté d’un groupe à part, les pariah, « car les Aryas ont placé tous les gens du sud dans la caste servile » 8. Après avoir établi cette distinction des ordres sociaux que les sanscritistes désignent du terme de varna, Vinson présente les principales castes et leurs subdivisions vivant dans les comptoirs de Pondichéry et de Karikal. Il mentionne pour chacune d’elle son affiliation sectaire, shivaïte ou vishnouite, son appartenance aux castes de main droite ou de main gauche, divisions alors fréquentes au pays tamoul, et discute de leurs origines. Si l’auteur fait référence à la littérature tamoule, il ne cite aucun texte sanscrit et son travail descriptif, proche du compte rendu d’enquête de terrain, informe peu sur les principes qui président au régime des castes. Au demeurant, selon Vinson, l’origine de cette institution « ne doit pas être recherchée dans [des] traditions religieuses apocryphes » et l’infériorité ou la supériorité de ces castes, qu’il rapproche des confréries de métiers et des trois ordres de la France d’Ancien régime, s’explique par des raisons sociales, comme le notait le juriste Eugène Sicé



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.